N°4 - CHENONCEAU
CHENONCEAU
Le château des Dames
L'une le fit sortir de terre, d'autres s'attachèrent à l'embellir et à le protéger, elles se nomment Catherine Briçonnet, Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Louise Dupin, Marguerite Pelouze.
Une majestueuse ogive de platanes, deux fois centenaires, mène à Chenonceau, chef d'oeuvre de la Renaissance, bâti sur les eaux du Cher.
L'originalité de cette situation alliée à une architecture et un décor raffiné ont fait la gloire de cette demeure marquée par l'esprit féminin.
En construisant le château de Chenonceau sur le cher au 16 ème siècle, Thomas Bohier et son épouse Catherine Briçonnet rasent le château fort et le moulin fortifié de la famille des Marques et n'en gardent que le donjon, la Tour des Marques qu'ils transforment dans le goût Renaissance.
Au débouché de l'allée, 2 sphinx du 18ème provenant de la pagode de Chanteloup marquent l'entrée de l'avant cour.
L'avant cour
Elle reproduit le plan de l'ancien château médiéval délimité par les douves.
L'avant-cour et la Tour des Marques
La Tour des Marques
Cernée de douves, l'esplanade qui précède le château, matérialise l'emprise de l'ancienne forteresse du 15ème rasée par les Bohier, il n'en subsiste que la tour.
A côté de la tour subsiste aussi le puits orné d'une chimère et d'un aigle, emblème de la famille des Marques.
De chaque côté du château s'étendent les jardins aménagés sur des terrasses surélevées pour être à l'abri des crues du Cher.
Les 2 jardins datent du 16ème.
Le jardin de Catherine de médicis
Plus intime (5500m2) que celui de Diane de Poitiers, il est l'image même du raffinement.
Bordé par le Cher, ses allées permettent une magnifique vue sur la façade ouest du château.
Son dessin repose sur 5 panneaux engazonnés, bordés de boules de buis, regroupés autour d'un élégant bassin de forme circulaire.
Rosiers tige et cordons de lavandes en dessinent l'harmonieux tracé, prolongé en 1825 vers l'orangerie, par un parc conçu à l'anglaise par Lord Seymour.
de l'autre côté du château,
Le Jardin de Diane de Poitiers
Ce jardin dont le dessin est de Duchêne se compose de 8 grands triangles de pelouse, décorés de délicates volutes de santolines (12 000 m2) avec en son centre un jet d'eau.
Les terrasses surélevées qui protègent le jardin des crues du Cher, sont ornées de vasques et permettent de découvrir des arbustes, ifs, fusains, buis et lauriers-tin rythmant la géométrie des massifs.
Plus d'une centaine d'hibiscus sur tige y fleurissent en été.
Le château des Bohier, cantonné de 4 tourelles, adopte un plan carré presque parfait (ne débordent en sa façade est, que la chapelle et un cabinet) qui reposent sur les piles de l'ancien moulin, ancrées dans la rivière.
Depuis le perron on découvre d'autres perspectives
et d'autres bâtiments
En s'avançant vers le château, construit sur les piles de l'ancien moulin fortifié, on découvre la porte d'entrée monumentale.
D'époque François 1er, en bois sculpté et peint, elle porte à gauche, les armes de Thomas Bohier, à droite celle de son épouse Catherine Briçonnet.
L'intérieur du château
Au rez de chaussée, le vestibule est une innovation de la Renaissance, il n'y avait pas jusqu'à cette époque de pièces destinées à distribuer les salles principales, disposées en enfilade.
Les clefs décalées de ses voûtes d'ogives dessinent une insolite ligne brisée.
Réalisé en 1515, c'est l'un des plus beaux exemples de la sculpture décorative de la Renaissance.
La salle des gardes
Dans cette pièce se tenaient les hommes d'armes chargés de la protection royale.
Aux murs, une suite de tapisseries des Flandres du 16ème siècle, représente des scènes de la vie du château, une demande en mariage et une chasse.
Cette salle communique avec la chapelle
Les vitraux de 1954, dont les originaux ont été détruits par un bombardement en 1944, sont du maître-verrier Max Ingrand.
La chapelle a été sauvegardée durant la Révolution Française grâce à l'idée de la propriétaire de l'époque, Mme Dupin d'en faire une réserve à bois, masquant ainsi le caractère religieux du lieu.
Les pièces du château des Bohier, 4 par étages sur 3 niveaux, sont garnies de meubles Renaissance, de tapisseries des 16 et 17ème siècle, et de nombreuses peintures de maîtres, Poussin, Murillo, Rubens, Tintoret... Sols en terre cuite, poutres peintes et plafonds à caissons apportent des tons chaleureux.
Le Cabinet vert
Ce fut le bureau de Catherine de Médicis où elle assura la régence à la mort de Henri II. Elle gouverna la France depuis cette pièce.
Dans le prolongement du Cabinet vert, la bibliothèque servait aussi de petit cabinet de travail à Catherine de Médicis. Il présente un superbe plafond de 1525 dans son état d'origine.
Il est en chêne à caissons, de style italien, avec de petites clefs pendantes, il est aussi l'un des premiers plafonds à caissons connus en France.
Dans La chambre de Diane de Poitiers, importantes tapisseries des Flandres du 16ème siècle.
Cette pièce fut la chambre de la favorite du Roi Henri II, Diane de Poitiers, à laquelle il avait fait don de Chenonceau. Le lit à baldaquin et les fauteuils Henri II recouverts de cuir de Cordoue sont Renaissance.
En 1559, à la mort du roi, tué en combat singulier lors d'un tournoi par le Capitaine de ses gardes écossais, Gabriel Montgomery, sa veuve, la reine Catherine de Medicis, se fit restituer le château par Diane et lui donna en échange Chaumont-sur-Loire.
Portrait de Catherine de Médicis
La cheminée de Jean Goujon, sculpteur français de l'Ecole de Fontainebleau, porte les initiales d'Henri II et Caherine de Médicis.
Monogrammes royaux, H pour Henri, C pour Catherine. Lorsqu'ils sont associés, les lettre entrelacées forment le D de Diane.
De la chambre de Diane de Poitiers, on rejoint la galerie par un petit passage. Diane, pour atteindre un jardin situé sur l'autre rive du Cher, a fait jeter au dessus de la rivière un pont de 60 m s'appuyant sur la façade sud du logis des Bohier.
En 1576, d'après les plans de Philibert de l'Orme, Catherine de Médecis fait construire une galerie sur le pont de Diane de Poitiers.
Longue de 60 m, large de 6 m, éclairée de 18 fenêtres avec son sol carrelé de tuffeau et d'ardoise et son plafond de solives apparentes, c'est une magnifique salle de bal.
Elle fut inaugurée en 1577 lors des fêtes données par Catherine de Médicis en l'honneur de son fils, Henri III.
A chaque extrémité, 2 cheminées Renaissance dont l'une n'est qu'un décor entourant la porte Sud qui mène à la rive gauche du Cher.
Au début du 19ème, la galerie s'orne de médaillons provenant du musée des Petits Augustins évoquant des personnages historiques célèbres.
Pendant la première guerre mondiale, M. Gaston Menier, propriétaire de Chenonceau fit aménager à ses frais, un hôpital dont les différents services occupaient toutes les salles du château.
Au sortir de la galerie...
Lors de la seconde guerre mondiale, le Cher matérialisait la ligne de démarcation.
L'entrée du château se trouvait ainsi en zone occupée, rive droite. La galerie quant à elle, dont la porte Sud donnait accès à la rive gauche, permit à la résistance de faire passer de nombreuses personnes en zone libre.
Durant toute la guerre, une batterie allemande se tenait prête à détruire Chenonceau à tout moment.
Louise Dupin (1706-1799), aîeule par alliance de George Sand, fut la propriétaire de Chenonceau au 18ème siècle.
Protectrice de Encyclopédistes, elle y reçut Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot, D'Alembert ...
Sa bonté, sa générosité et son intelligence épargnèrent à Chenonceau la destruction lors de la Révolution Française.
Chenonceau... Recto...
et après ce passage
Chenonceau... Verso...
Du vestibule, un escalier plonge dans les soubassements du château, 2 piles de l'ancien moulin qui renferment les cuisisnes.
Leur emplacement à fleur d'eau permettait d'y livrer directement le ravitaillement apporté par bateau.
Les cuisines sont composées de
On peut encore y voir les crochets pour suspendre le gibier
le billot bien patiné
L'office est une salle basse aux 2 voûtes croisées d'ogives. L'office dessert à la fois la salle à manger, la boucherie et le garde manger.
Dans la cuisine elle même voutée, on découvre une superbe collection de cuivres.
Mon rêve, un buffet Saint Hubert !
Dans la cuisine, la cheminée est dotée d'un système de poulies pour faire tourner les broches.
La salle à manger réservé au personnel du château, et autrefois aux gentilshommes entourant Louise de Lorraine.
Le salon François 1er
Sur le manteau de la cheminée Renaissance, on retrouve la devise de Thomas Bohier, "S'il vient à point, me souviendra".
Le mobilier se compose de crédences du 15ème siècle
et d'un cabinet italien du 16ème, exceptionnel par ses incrustations de nacre de d'ivoire gravé à la plume, cadeau de mariage fait à François 1er et Marie Stuart.
Au mur, portrait de Diane de Poitiers en chasseresse, peinture de Le Primatice.
Peint à Chenonceau en 1556, le cadre du tableau porte les armes de Diane de Poitiers, Duchesse d'Etampes.
Les trois grâces (1765) par Van Loo, représentant les soeurs de Nesle, qui furent toutes trois les maîtresses successives de Louis XV.
où dominent le rouge et les ors, rappelle la visite du roi soleil en 1650.
Sur la cheminée Renaissance, la Salamandre et l'Hermine évoquent le souvenir de François 1et et de la Reine Claude de France.
Les sièges sont recouverts de tapisseries d'Aubusson.
En souvenir de la visite qu'il fit à Chenonceau le 14 juillet 1650, Louis XIV offrit plus tard, à son oncle le Duc de Vendôme, son portrait par Rigaud, avec son extraordinaire cadre par Lepautre, composé seulement de 4 énormes pièces de bois.
Du vestibule, une porte en chêne donne accès à l'escalier.
L'escalier menant au premier étage est remarquable car c'est un des premiers escaliers droits construits en France sur le modèle italien.
L'escalier est couvert d'une voûte rampante à nervures se coupant à angles droits, les joints de rencontre sont ornés de clefs, les caissons sont décorés de figures humaines, de fruits et de fleurs.
L 'escalier à 2 rampes est coupé d'un palier formant loggia à balustrade d'où l'on voit le cher.
Vestibule de Catherine Briçonnet
Plafond à solives apparentes, médaillons en marbre au dessus des portes, rapportés d'Italie par Catherine de Médicis qui figurent des empereurs romains.
La suite de 6 tapisseries d'Audenarde du 17ème siècle, représente des scènes de chasse.
Le vestibule s'ouvre sur le balcon d'où l'on peut voir la Tour des Marques et l'avant cour, les jardins.
Ainsi nommée en souvenir des 2 filles de Catherine de Médicis, (La Reine Margot épouse d'Henri IV, Elisabeth de France, épouse de Philippe II d'Espagne) et de ses 3 belles filles (Marie Stuart épouse de François II, Elisabeth d'Autriche épouse de Charles IX, et Louise de Lorraine épouse de Henri III).
Les murs sont tendus d'une suite de tapisseries des Flandres du 16ème siècle.
Le plafond à caissons du 16ème siècle provenant des appartements de Louise de Lorraine arbore les armoiries des 5 reines.
La toile, à droite du lit peinte sur bois par Le Corrège représente l'Education de l'amour.
Au centre de la pièce, le lit à baldaquin est caractéristique de la Renaissance, orné de frises, plilastres, portraits de profil inspirés des médailles antiques.
Le lit est entouré d'un rarissime ensemble de tapisseries des Flandres du 16ème siècle. Elles illutrustent un thème biblique, La vie de Salomon.
Le plafond est en bois à caissons carrés, peints et dorés.
On peut y lire dans les nombreux compartiments de nombreuses initiales. On y retrouve le blason des Médicis et le C et le H de Catherine et Henri II entrelacés. Les autres caissons sont ornés de motifs végétaux sculptés.
La chambre de Catherine permet d'accéder à 2 appartements, qui composent le cabinet d'estampes.
Le cabinet réunit une collection complète et variée de dessins, gravures et estampes représentant le château aux différentes époques.
La première pièce met en valeur un magnifique plafond, décoré d'une toile peinte encadrée de putti et de fleurs.
Chambre de Gabrielle d'Estrées
Cette chambre évoque le souvenir de Gabrielle d'Estrées, favorite et grand amour du roi Henri IV, et mère de son fils légitimé, César de Vendôme.
Près du lit à baldaquin, le tapisserie des Flandres du 16ème s'intitule "Scènes de la vie de château, l'Amour ".
Chaque jour, 3 fleuristes aiguisent leurs talents pour imaginer les luxuriants bouquets qui illuminent les pièces du château, soit pas moins de 150 compositions hebdomadaires.
Le plafond à solives apparentes, le sol, la cheminée et le mobilier sont Renaissance.
Vestibule du second étage, au plafond poutres peintes formant un arc.
Il a gardé intactes les restaurations du 19ème siècle pour Mme Pelouze.
Tapisserie d'Audenarde du 16ème relatant la bataille du Champ des Merles, 15 juin 1389.
Le vestibule dessert la chambre de Louise de Lorraine
Véritable salon mortuaire, cette pièce aux murs et tissus noirs n'a pour ornements que des motifs funèbres, cordelière de veuve, larmes et plumes d'argent, couronnes d'épines, pelles de fossoyeurs.
Après l'assassinat de son époux le roi Henri III par le moine Jacques Clément, le 1er août 1589, Louise de Lorraine se retire à Chenonceau dans le recueillement et la prière.
Entourée d'une cour restreinte de fidèles, et toujours vêtue de blanc selon l'étiquette du deuil royal, elle sera surnommée "La Reine Blanche".
De retour dans les jardins, on se rend à la galerie des dômes
Le domaine de Chenonceau s'étend sur 120 ha, dont 30ha de vigne. Son entretien se fait selon les principes de la "culture raisonnée"
La ferme
Elle comprend les écuries de Catherine de Médicis et ouvre sur le potager.
Ouvert à la visite il est organisé en 12 carrés bordés de pommiers et de rosiers tige sur plus d'un hectare.